Kizuna & Ryoko : Une alliance improbable.

Quelques informations :

Ancien titre : Kizuna: teki! Dorei. Tomodachi... Uraginimono?
Pourquoi le titre a changé depuis la dernière fois ? : Par soucis de cohérence, je trouvais que le titre était un peu long et ne collait pas vraiment.

Info : Kizuna est un personnage prédéfini que j'ai créé, c'est pourquoi je me permet de m'en servir pour cette chronique, même si je ne le joue pas dans le RP. Ryoko n'existant plus dans le RP, elle reste personnage principal de l'histoire mais n’apparaîtra pas en dehors de la chronique.

Personnages principaux :

Ryoko : c’est une mage, maitre des ombres, âgée de 17 ans. Très jeune, elle fut endoctrinée par des mages extrémistes et entrainée à combattre voire même à tuer les rebelles. Elle croit dur comme fer à l’infériorité des sans pouvoirs et estime que toute personne ne se soumettant pas aux désirs du royaume ne mérite pas de vivre. Mais elle reste une adolescente comme les autres. Les apparences sont parfois trompeuses.

Kizuna : c’est un manieur d’ärm âgé de quinze ans. Jeune homme lunatique, Kizuna est le fils d’un mage rebelle et a fuit pour qu’on ne le découvre pas et que son père n’aie pas d’ennui. Il n’a jamais regretté son choix et a décidé de commencer une nouvelle vie, une vie la plus longue possible, quitte à se soumettre.

Genre :

Action, amitié, romance (?).

Résumé :

Pendant son voyage, Ryoko s’est fait quelques ennemis, notamment des personnes contre qui elle a perdu ou qu’elle a épargnées.
Cette chronique raconte une aventure qu’elle a vécue au cours de son périple. Désirant toujours éliminer les mages rebelles et asservir ou éliminer les humains sans pouvoirs et les manieurs d’ärms.
Ryoko va rencontrer Kizuna, manieur d’un ärm particulier : Tan’Juu, un weapon ärm prenant la forme d’un revolver crachant des balles d’énergie pure et « se déguisant » en anneau. Ils tisseront des liens auxquels Ryoko ne s’attendait pas.
Que résultera-t-il de cette alliance improbable ?

Chapitre I : Une défaite cuisante.

Une brûlure… Une autre… Une troisième, accompagnée d’une demi-douzaine d’autres…
Le corps tout entier de Ryoko subissait la colère des flammes, ou plutôt la colère du mage qui les lançait sur elle.
Quelques minutes auparavant, elle était en pleine forme, assise au comptoir d’une auberge désormais en ruine.
Un homme était entré, elle le connaissait tout en ignorant son nom. Ce genre de détail lui importait peu, surtout quand il s’agissait d’un traitre. Ce mage rebelle d’une quarantaine d’année avait déjà combattu Ryoko quelques semaines avant, alors que l’adolescente attaquait des habitants de son village, des êtres pitoyables selon elle, tous des rebelles faibles estimant que tous les hommes sont égaux.
Il était le seul à avoir résisté et réussi à s’enfuir, mais il était de retour et apparemment bien décidé à venger ses amis.

« Eh toi ! Ryoko ! »

Elle s’était alors levée, lentement :

« Tu te souviens de moi n’est-ce-pas ? Tu as tué mes amis, ma famille, tu as détruit ma vie ! Tu m’as tout pris et tu vas payer ! »

Elle lui répondit avec une certaine indifférence :

Je leur ai fait subir le sort qu’ils méritaient. Il va t’arriver la même chose si tu ne quittes pas les rangs des rebelles immédiatement. Les traitres comme toi ne méritent qu’un seul châtiment.

Ryoko remarqua rapidement que ce mage avait changé depuis leur dernière rencontre. Il était en colère, certes, mais il semblait sûr de lui. Elle n’eut pas le temps de faire le moindre geste qu’un jet de flamme s’abattait déjà sur elle.
Assommée par le choc, elle ne put se relever et encaissa presque aussitôt une seconde attaque. Son adversaire la dominait avant même que le combat ne débute, elle était en mauvaise posture.

*Il est rapide, beaucoup trop rapide, je n’arrive pas à me lever. Merde !*

Elle subit d’autres sorts brûlants, la blessant de plus en plus et lui permettant de moins en moins de mouvements. Ryoko réussi finalement à rouler douloureusement sur elle-même pour esquiver une attaque mais ce qu’elle vit la figea de nouveau : l’auberge était en flamme, certaines parties des murs avaient explosé et les clients qui n’avaient pas su fuir gisaient sur le sol, inconscients. La haine qu’éprouvait son ennemi était si forte qu’il ne semblait plus se contrôler. Certaines victimes faisaient sûrement partie de son camp.

Elle ne comptait plus le nombre de coups qu’elle recevait et son corps la faisait atrocement souffrir. Dans sa situation, elle n’avait pas beaucoup de choix.

*Je dois fuir.*

Dans un grand effort de concentration, elle se servit de sa magie : son ombre se déforma et s’allongea pour attraper une table encore debout et la lança sur son adversaire qui ne s’attendait visiblement pas à ça et se jeta à terre pour éviter le projectile.
Ryoko n’attendit pas que la cible soit atteinte pour se redresser tant bien que mal et tituber vers la sortie. Elle bouscula la foule qui s’était agglutinée devant le bâtiment incendié et profita de la cohue pour quitter le village sans que son ennemi ne puisse voir de quelle côté elle allait.

Elle pénétra dans la forêt qui bordait le village et s’y enfonça le plus profondément qu’elle pu. Mais, à bout de force, elle s’effondra et perdit connaissance.

Chapitre II : le serviteur.

La brume se dissipait peu à peu, alors qu’une voix l’appelait.

« …ko ! Ryoko ! Mademoiselle Ryoko, réveillez-vous. »

Ne ressentant plus la moindre douleur, Ryoko se dit qu’elle pouvait ouvrir les yeux sans risque. Si celui qui tentait de la réveiller était un ennemi, elle serait sans doute déjà morte. A moins qu’elle ne le soit sans le savoir…
Elle ouvrit les paupières prudemment, de peur d’être aveuglée par une quelconque lumière, mais constata rapidement que celle qui baignait les lieux était plus douce que n’importe quelle autre. C’était la lune. La jeune fille vit qu’elle était allongée au pied d’un arbre, mais n’en voyait pas d’autre à côté d’elle. Elle conclut donc qu’elle se trouvait dans une clairière. Pourtant, elle ne se souvenait pas d’être arrivée jusque là.

Tout en restant couchée, elle chercha du regard son sauveur, celui qui l’avait conduite jusqu’ici, atténué sa douleur et pansé ses blessures, celui qui l’appelait l’instant d’avant.
Elle tourna la tête d’un côté : rien. De l’autre côté : rien non plus. Avait-elle rêvé ?
L’adolescente tourna à nouveau la tête pour regarder le ciel. Elle ferma les yeux une seconde et quand elle les rouvrit :

« Ah vous êtes réveillée ! Je suis rassuré ! »

Surprise, elle eut un sursaut.

*Mais il est malade ce type. Il veut me tuer ou quoi ?*

« Comment vous vous sentez ? J’étais là, à l’auberge. J’ai vu ce qu’il s’est passé et j’ai mis ce cinglé sur une fausse piste. Après je vous ai suivie. Vous étiez mal en point donc j’ai fait ce que j’ai pu pour vous soigner. »

C’est gentil, je ne sens plus rien. Qui es-tu ? Un mage guérisseur ?

Le blondinet qui s’était assis à côté d’elle sourit et lui montra une bague en argent décorée d’étranges motifs noirs.

« Je m’appelle Kizuna et non, je ne suis pas un mage, je n’ai pas cette chance. Non, moi, je suis un manieur d’ärm. Cet anneau, c’est Tan’Juu. Il peut se transformer en revolver.»

Ryoko se releva si vite qu’elle perdit l’équilibre et dû s’appuyer contre l’arbre. Sa réaction fit sursauter le jeune homme qui se leva à son tour.

« Que…Quelque chose ne va pas ? »

A la grande surprise de Ryoko, il semblait inquiet.

Si tu étais là, tu as entendu ce que nous disions ! Alors pourquoi tu m’as sauvée ? Pourquoi est-ce que tu m’as soignée alors que nous sommes ennemis ?

Kizuna sembla soudain triste.

« Ennemis ? Je ne suis l’ennemi de personne. J’ai choisi de prendre la vie comme elle venait. J’ai été libre, j’ai été esclave. Tout ça ne m’a jamais dérangé. Mon Maître a été assassiné par des rebelles. J’étais peut-être son serviteur, mais il était bon avec moi. C’est grâce à lui que je vis encore. J’ai refusé d’accompagner les rebelles et je me suis enfuit. »

Il fit une pause et regarda la jeune fille encore adossée à l’arbre. Elle ne bougeait pas et semblait l’écouter attentivement. Après tout, elle lui devait la vie.

« J’ai entendu ce que vous avez dit, c’est vrai. Mais j’ai aussi vu votre regard lorsque vous avez aperçu les victimes du feu. Vous me faites penser à mon Maître et j’éprouve du respect pour vous, quel que soit votre camp. »

Tu es un idiot ! Sais-tu au moins qu’un jour ou l’autre, tu seras tué par quelqu’un comme moi ?

« Je le sais, mais en attendant, mon ärm me suffit à me défendre et si vous l’acceptez, elle pourrait vous défendre vous aussi. Je ne peux survivre seul c’est pourquoi j’aimerais vous servir. »

Ryoko n’en croyait pas ses oreilles. Mais elle devait avouer que ce garçon ne la laissait pas indifférente. Il était plutôt malin finalement. Son seul but était la survie et ça avait l’air de le rendre fort.
Elle ferma les yeux, souffla et finit par se décider.

Très bien, accompagne-moi. Mais saches que ton sort m’importe peu. J’accepte uniquement parce que je refuse d’avoir une dette envers un être misérable comme toi.

« Oh merci Maîtresse ! Je ne vous décevrez pas. Je ferai tout ce que vous m’ordonnerez. »

Ryoko rougit violemment.

A l’avenir, ne m’appelle pas ‘Maîtresse’, ça fait sado-maso. Appelle-moi Mademoiselle Ryoko ou simplement Mademoiselle, mais pas ‘Maîtresse’.

Kizuna rougit à son tour et se gratta derrière la tête.

« Bien Mademoiselle. Comme vous voudrez. »

Ryoko décida de passer le reste de la nuit sur place et ordonna à son nouveau serviteur de faire un feu de camp. Elle s’assit et observa la lune.

*Dans quoi je me suis embarquée avec ce gamin ? Je peux être débile parfois.*

Chapitre III : Petit-déjeuner autour du feu.

C’est peu après l’aube que Ryoko fut réveillée, en douceur, une délicieuse odeur lui chatouillant les narines. Elle se leva en pleine forme.

*Je ne sais pas comment il s’y est pris, mais c’est comme s’il ne s’était rien passé.*

Elle posa son regard sur Kizuna qui était en train de découper de gros fruits juteux, les disposant dans un bol en terre cuite.

D’où tu sors ça ?

« Quoi ? Ca ?»

Il montra un sac en toile.

« Je ne suis pas assez bête pour voyager sans provisions Mademoiselle. Il y a de quoi manger, vaisselle comprise et quelques herbes médicinales. »

Il lui tendit une poignée de feuilles jaunes.

Qu’est-ce que c’est ?

« Ce sont des plantes qui guérissent les brûlures de manière plutôt efficace. J’ai eu du mal à vous les faire avaler. »

Il rit un moment. Ryoko lui jeta un regard noir qui l’encouragea à arrêter.

Tu m’as fait avaler ce truc ?

Il plaça ses mains devant lui dans un mouvement défensif.

« Euh non, non, je plaisantais. Je vous ai juste appliqué le jus qui s’en écoule sur vos blessures. »

Elle sembla outrée.

Tu… Tu as osé toucher mon corps !

Elle lui donna un violent coup de poing qui l’envoya valser à côté du feu de camp.
Il se redressa tant bien que mal et s’agenouilla, les mains au sol, la tête sur ses mains.

« Pardonnez-moi, je ne pouvais pas vous laisser comme ça. »

C’est bon laisse tomber. J’ai faim.

Kizuna se releva et tendit le bol en terre cuite à sa Maîtresse.

« Tenez, mangez ça. »

Ryoko pris ce qu’il lui offrait et renifla le contenu du récipient. Cela sentait vraiment bon et lui ouvrit l’appétit. Elle s’assit de l’autre côté du feu.

Ne me donnes pas d’ordre tu veux ! C’est MON rôle.

« D…D’accord. »

Il sortit une pomme de son sac et la croqua, affamé. La fille l’observa en mangeant.
Le blondinet eut terminé son petit-déjeuner rapidement, alors que Ryoko avait à peine entamé le sien.
Elle posa son bol au sol et se leva.

Ce petit-déjeuner est trop copieux. Tu as mis beaucoup trop de fruits.

Kizuna la fixa, interrogateur.

« Ca vous a tout de même plût j’espère ? »

Ca peut aller. Mais je n’aime pas le gaspillage. Je t’ordonne de manger les restes !

Le gamin ne prit même pas la peine de répondre et se jeta sur les fruits. On aurait dit qu’il n’avait rien mangé depuis des jours.

Par contre, si tu pouvais te dépêcher, nous devons partir. Je dois retourner dans mon village, je l’ai promis à mon grand-père.

« Merci Mademoiselle. »

Chapitre IV : Amitié forcée.

Ils marchaient dans forêt, côte à côte, sans prononcer le moindre mot. Le silence était plutôt lourd. Ils se connaissaient à peine, et leur position à chacun n’incitait pas forcément à la conversation, surtout après la gêne qu’ils avaient tout deux eu l’occasion de ressentir au petit-déjeuner.

C’est Kizuna qui brisa le silence :

« Votre village est encore loin ? Je commence à fatiguer moi. »

Nous devrions sortir de cette forêt dans une demie heure environ si nous maintenons l’allure.

Ryoko s’étonna du ton qu’elle avait employé. Contrairement à ce qu’elle avait laissé croire à son compagnon depuis la veille, la jeune fille n’avait pas envie de le rabaisser à chaque parole ni de lui rappeler son statut de serviteur. Elle avait repensé à l’histoire du gamin et c’était laissé attendrir. C’était si rare de rencontrer une personne comme lui, tellement généreux qu’il en oubliait l’adversité, capable d’oublier sa fierté et de se soumettre pour survivre. Quand elle y pensait, elle se voyait un peu en lui.

Soudain, Ryoko s’arrêta.

Attends Kizuna !

Il se figea sur place et la regarda.

« Qu’y a-t-il Mademoiselle ? »

Ne m’appelle plus Mademoiselle ! Désormais, appelles-moi Ryoko ou même Ryo si tu veux.

Kizuna afficha une expression d’incompréhension.

« Euh… D’accord, mais pourquoi ? »

Je n’y avais pas pensé avant, mais à Spellia, il n’y a que des mages. Notre communauté est extrémiste. Les villageois n’ont jamais accepté les personnes sans pouvoirs, même pas en temps qu’esclaves ou quoi que ce soit. Si ils comprennent ce que tu es, j’ai peur de leur réaction. Tu passeras plus inaperçu si on prétend être amis, tu comprends ?

« Oui, je crois. Alors on est amis ? »

Il afficha un sourire satisfait.

J’en ai bien peur.

« Génial ! Alors autant s’y mettre tout de suite ! »

Quoi ?

Kizuna attrapa la main de Ryoko et l’entraina vers l’avant.

« On devrait avancer Ryo, histoire d’arriver avant la nuit. J’ai hâte de rencontrer ton grand-père, j’espère qu’il est aussi gentil que toi. »

Eh ! J’ai dit amis, pas couple !

« Et bien nous serons un couple d’amis alors. »

Il rit de bon cœur, trainant toujours la magicienne derrière lui.

*Depuis quand avons-nous inversé les rôles ?*

En moins de temps qu’elle ne l’avait imaginé, la quantité d’arbres diminua fortement, et les lieux s’éclaircirent de plus en plus, jusqu’à atteindre l’orée du bois. Une prairie s’étendait alors devant les deux jeunes gens. De là, ils purent apercevoir le contour incertain du village qui les attendait.

Chapitre V : Retour à Spellia.

Ils n’avaient pas mis longtemps à traverser le kilomètre qui les séparait du village. Ils s’arrêtèrent à quelques mètres de la porte Nord.

Bon alors, tu te souviens de ce qu’on a dit ?

« Oui Ryoko, évidemment. Nous sommes amis, nous sommes inséparables et très, très proches. »

Hmm c’est à peu près ça.

Ryoko respira un grand coup et pénétra dans le village, Kizuna sur ses talons. Ils eurent à peine le temps de faire quelques pas que déjà une demi douzaine de villageois s’étaient rués sur eux, acclamant la jeune fille, visiblement heureux de la revoir.

« Ryo ! Tu es revenue ! »

« Tu nous as beaucoup manqué. »

« Ton grand-père sera content de te revoir. »

C’est alors qu’une voix familière s’éleva.

« Et alors petite sœur, on part sans me dire au revoir et on revient avec un vagabond ? »

Son sang ne fit qu’un tour, cela faisait si longtemps qu’elle attendait de le revoir. Si longtemps qu’elle voulait lui donner une correction.
L’ombre de Ryoko s’anima et frappa violemment l’homme qui venait de parler. Celui-ci se retrouva au sol, dix mètres plus loin. La jeune fille s’approcha de lui à grandes enjambées, suivie de Kizuna.

Pauvre imbécile ! C’était à toi de venir me dire adieu ! Tu m’as laissé tomber ! Tu… Tu… Tu m’as terriblement manqué, Kyo.

« Toi aussi Ryo. »

Ils s’enlacèrent un moment, en silence. Puis ils se séparèrent et Kyo analysa Kizuna du regard.

« Et sinon, c’est qui le blondinet ? »

« Je m’appelle Kizuna, et je suis l’ami et compagnon de Ryo ! »

Euh, oui, je l’ai rencontré pendant mon voyage et depuis, on ne se sépare plus. Il m’a déjà sauvé la vie une fois.

Kyo tendit la main à Kizuna.

« Si tu as sauvé ma sœur, je ne peux que t’être reconnaissant. »

« Hum. Merci, Kyo ? C’est ça ? »

Il ne prit pas la peine de lui répondre et s’adressa directement à sa sœur de cœur.

« Grand-père est chez lui, il a été malade mais il va mieux. Il se repose. Ca lui fera plaisir de te voir. »

J’y vais tout de suite. Tu viens Kizuna ?

Il acquiesça et la suivi. Tous deux entrèrent dans l’ancienne maison de Ryoko, sans faire de bruit, au cas où le vieil homme serait endormi. Ils montèrent les marches qui menaient à la chambre et aperçurent le vieillard allongé dans son lit, fixant le plafond d’un air maussade.

Bonjour grand-père.

L’homme se retourna, le visage soudain illuminé.

« Ryoko ma petite, tu es enfin rentrée. »

Il attrapa la jeune fille de ses bras faibles et la serra contre lui, sous le regard amusé de Kizuna, resté sur le pas de la porte.

Tu m’as manqué vieux fou, mais je t’ai juré que je reviendrais te voir. Chose promise, chose due, me voici.

« Si tu savais quel bonheur c’est de te voir. Je m’ennuie à mourir. Ils veulent tous que je reste couché toute la journée parce que je suis vieux et que j’ai été enrhumé la semaine dernière. Si tu veux mon avis, c’est eux les… »

L’homme ne termina pas sa phrase. Il venait de remarquer la présence du jeune blond derrière Ryoko. Ce dernier cessa soudainement de sourire et s’inclina légèrement, saluant avec respect son ainé.

« Bonjour Monsieur, c’est un honneur de vous rencontrer. »

« Oui oui, c’est ça. Trèves de courbettes jeune homme. Dis-moi Ryoko, ce garçon, ce n’est pas un mage n’est-ce-pas ? »

Elle se raidit.

Comment ? Mais bien sûr que si voyons. Il pratique la magie du… du feu et… en fait il ne la maitrise pas encore bien, il évite de l’utiliser parce que… c’est dangereux, tu comprends ?

« Oh c’est un beau mensonge. Mais il serait plus réaliste si tu le racontait moins vite et sans bégayer. »

Contrairement à ce qu’elle pensait, il n’était pas en colère.

« Tu sais comment sont les gens ici, y compris Kyoran. Ils ne doivent pas savoir ou ton ami mourra. »

Je sais… Merci. Je suis désolée, je n’aurais pas dû te mentir mais… Je lui dois la vie, il n’est pas comme les autres…

« Inutile de t’excuser, c’est dans ta nature. Tu as beau dire que tu es comme nous tous ici, tu sais que c’est faux. Et je l’ai moi-même toujours su. Je n’en ai jamais parlé car je ne voulais pas qu’ils te bannissent. Quant à toi jeune homme, je te conseille de rester discret, et si tu ne t’en sens pas capable, vous devriez partir le plus vite possible. »

« Oui Monsieur, je vous remercie. »

Nous devrions aller chez Kyoran, il nous invite à passer la nuit chez lui. On ferait mieux de se coucher tôt pour repartir au plus vite demain.

Elle embrassa son grand-père, s’excusant de ne pas rester plus longtemps et entraina Kizuna avec elle vers la maison de son frère.

« Comment il a su ? »

Je n’en sais rien mais tu devrais t’estimer heureux et suivre son conseil. J’aurais voulu rester plus longtemps, mais avec toi, je ne peux pas prendre le risque.

Les deux adolescents arrivaient juste à la maison de Kyoran, quand celui-ci les interpella.

« He ! J’ai oublié de te dire que je n’habitais plus ici. »

Ryoko se retourna, surprise.

Kyo ? Mais… où est-ce que tu habites alors ?

« Là-bas. »

Il montra du doigt le clocher au centre du village.

Tu n’es quand même pas…

« Le nouveau chef du village ? Si. »

Chapitre VI : Une nuit…mouvementée.

Kyoran, frère de cœur de Ryoko, et nouveau chef de Spellia avait accompagné ses deux convives jusqu’à sa demeure. Il les invita à s’installer dans la spacieuse chambre d’amis.

« Je suis navré de ne pouvoir vous accueillir chacun dans une chambre, mais les pièces de la maison sont plutôt disproportionnées comparé à la taille de la maison elle-même. Il n’y a donc que quatre chambre, celle-ci, la mienne, et celles des majordomes. »

Tu as des majordomes ?

« Evidemment, deux excellents mages très polyvalents. L’un maitrise l’arsenal magique, l’autre la guérison. La seule chose que je leur reproche, c’est de se chamailler sans arrêt. Bon, je vous laisse vous reposer. On se voit au petit-déjeuner. Bonne nuit. »

Il embrassa le front de Ryoko qui se laissa faire docilement. La situation fit rougir Kizuna. Kyo quitta la pièce en fermant la porte derrière lui.
Lorsqu’elle fut assurée qu’il était assez loin, Ryoko s’assit sur le lit.

Il a beaucoup changé. Il a l’air… dédaigneux. ‘Evidemment que j’ai des majordomes gnagnagna’. Ce n’est plus le Kyo que j’ai connu.

Son imitation du chef de Spellia amusa Kizuna qui vint s’asseoir à côté de son ‘amie’.

« Je le trouve plutôt accueillant. »

On voit bien que tu ne le connais pas d’ordinaire. Bon, on ferait bien de dormir.

« Il n’y a qu’un seul lit… »

Quel sens de l’observation ! Je crains qu’on soit obligés de dormir ensemble… Si il te trouve à terre demain matin, il aura forcément des soupçons.

Kizuna rougit à nouveau, un peu gêné à cette idée. Remarquant la couleur pivoine que prenait le garçon, Ryoko écarta ses bras dans un geste brusque.

Il n’y a pas d’inquiétude à avoir, le lit est assez large, chacun de son côté, rien d’ambigu, tout va bien !

« Si tu le dis… Je peux aller à droite ? »

Non, je préfère que tu ailles à gauche, tu seras plus près de la fenêtre si tu dois t’enfuir.

« Quelle heureuse perspective. Bonne nuit alors, Ryo. »

Oui bonne nuit.

Ils ne prirent pas la peine de se changer, aucun ne souhaitant voir l’autre en petite tenue, et s’allongèrent chacun sur un bord du lit, Ryoko à droite et Kizuna à gauche. Tout deux fixaient le mur pour Ryoko et la fenêtre pour son compagnon, évitant tout contact pouvant être gênant dans leur position.

*Pourquoi donc est-ce que je m’inquiète autant ? Il y a quelques jours à peine, je considérais ce gosse comme un ennemi, un être inférieur. Et là j’ai l’impression que… Non, c’est absurde…*

Elle s’endormit rapidement, aidée par l’absence quasi-totale de lumière.

Ryoko rêvait. Elle se voyait, bien que cette pensée la dérange pour ne pas dire qu’elle la dégoutait, combattre aux côtés des rebelles. Et comble de l’étrange, tout en se battant, elle tenait la main d’un jeune homme blond aux yeux bleu, tirant inlassablement ces balles lumineuses sur les habitants de Spellia. A la fin de la bataille, il ne restait qu’eux deux et ils s’embrassaient langoureusement.

Soudain, un bruit sourd réveilla Ryoko. Kizuna était tombé du lit en dormant. Il se releva en se frottant la tête. Dehors, seule la lune éclairait les lieux. Il faisait encore nuit et le jour ne semblait pas près de se lever.

Kizuna ! Qu’est ce que tu fais ?

« Euh désolé, je suis tombé… J’étais trop sur le bord, j’ai rêvé que je me battais avec… Enfin, ça n’a pas d’importance… et puis j’ai glissé hors du lit… »

« Qu’est-ce qu’il se passe ? Tout va bien ? »

Un inconnu venait d’entrer, une bougie à la main. Sans doute un majordome.

Oui oui, il n’y a aucun problème. Mon ami est juste tombé du lit. Excusez-le.

« Mince, mon ärm ! Où est Tan’Juu ? J’ai dû le perdre en me débattant pendant mon som… »

« Ärm ? Vous êtes un… »

*Et merde !*

Kizuna plaqua sa main contre sa bouche avec un air idiot.

« Maitre ! Maitre Kyoran ! Un manieur d’ärm ! »

Ryoko ne fit ni une ni deux, elle se redressa brusquement, agrippa Kizuna et sauta à travers la fenêtre avec lui.
La voix de son frère résonna au dessus d’eux :

« Traitresse ! Où est-elle ? Et ce bouseux, rattrapez-le que je l’enterre vivant ! »

Espèce de crétin ! Qu’est-ce qu’il t’a prit ?

Ils couraient entre les maisons, se dirigeant vers la porte Sud.

« Pardon, j’étais étourdi, je n’ai pas fait attention. Je ne voulais pas. Mais… Tan’Juu, je l’ai perdu. »

Pour le peu que tu t’en sers, quelle importance ? Et puis maintenant ce qui compte c’est…

Elle souffla, la course rendant la discussion difficile.

Ce qui compte c’est de s’échapper et de survivre.

Kizuna semblait terrorisé tout comme Ryoko qui en oubliait presque sa colère.
Ils approchaient de la porte quand un mur de terre se dressa devant eux. L’adolescent s’y cogna dans son élan et tomba.

« Aïe ! »

Ryoko lui agrippa le bras.

Debout ! Dépêche-toi !

« C’est trop tard soeurette, vous n’irez pas plus loin. »

Kyoran était hors de lui. Il tourna son regard vers Kizuna et fit un geste à un de ces majordomes qui laissa tomber un anneau sur le sol.

« Tan’Juu ! »

Ryoko dû l’empêcher de se jeter sur son ärm.

« Tu aurais au moins pu faire attention et en choisir un moins débile. Il se trahit deux fois en quelques minutes à peine. Tu sais pertinemment ce qu’il advient des gens comme lui qui s’aventurent dans notre village. Tu sais également ce qu’il va t’arriver maintenant. Je n’aurais jamais cru que tu me ferais quelque chose comme ça un jour. Tu as changé… Tu deviens comme ces rebelles. Finalement, tu ne vaux pas mieux que tes déchets de parents. »

La magicienne avait les larmes aux yeux.

Et toi Kyoran ! Tu ne vois pas à quel point tu as changé toi aussi ? Tu es devenu un de ces monstres extrémistes, un salaud à l’esprit fermé ! Tu peux manipuler la terre autant que tu veux, gueuler des injonctions à tout va mais visiblement, le pouvoir te monte à la tête ! Tu n’étais pas comme ça avant que je parte.

« Es-tu sûre de me connaitre assez pour dire ça ? »

Ryoko semblait outrée et pleurait définitivement.

« Regarde-toi. Tu me fais pitié. Tu…»

« La ferme ! »

L’assemblée fixa alors Kizuna qui avait l’air encore plus en colère que Kyoran et Ryoko réunis.

« Vous… Vous tous… Vous n’avez rien compris à la vie ! La guerre ! C’est tout ce que vous connaissez ! »

Le manieur d’ärm paraissait à bout de force, manquant d’air. Mais quelque chose brillait dans son regard, faisant tressaillir Ryoko.

Kizuna, s’il-te-plait. Calme-toi, arrête !

« Et c’est toi qui me dit de me calmer ? »

La rage montait en lui, incontrôlable. Son ärm, quelques mètres plus loin commençait à scintiller.
Ryoko réfléchit un minuscule instant avant de réagir. Son ombre attrapa celle de l’anneau et la traina jusqu’à Kizuna. Cela se passa si vite que Kyoran n’eut pas le temps de faire quoi que ce soit. Kizuna serra son ärm qui changea instantanément de forme.
Il tenait à présent un magnifique révolver argenté avec une crosse noire.

« Yuri, Senko ! Empêchez-le ! »

Les deux majordomes ne furent pas assez rapides et une balle de lumière les transperçait de part en part alors qu’ils couraient vers leur ennemi. Tous deux s’effondrèrent.

Kizuna visa ensuite Kyoran et tira. Ce dernier tenta de bouger mais n’y parvint pas. La balle le toucha à la tête et il tomba à son tour, inconscient.

« Pourquoi… il n’a pas bougé ? »

Kizuna baissa son ärm et regarda Ryoko, apparemment bouleversée, fixant l’ombre de son frère. Lorsqu’elle se décida à bouger, se fut pour observer les trois corps devant elle. Ils n’avaient aucune blessure visible, ce qui étonna la jeune fille.

Que leur as-tu fait ?

« Ils ont été transpercés par de l’énergie pure mais à faible dose. Les blessures sont internes et superficielles, mais le choc reste fort et assommant. On devrait partir Ryoko. Vient. »

La jeune fille s’exécuta et tous deux se dirigèrent d’un pas rapide mais mal assuré vers le lac. En traversant les champs, Ryoko se revoyait immobiliser son frère et cette pensée lui était douloureuse.

Kizuna tremblait de tout son corps mais était en état de force comparé à la jeune fille qu’il soutenait en la tenant par la taille.

« Ca ne va sûrement pas te plaire, mais j’ai le sentiment que j’aurais dû le tuer. »

En effet, ça ne me plait pas…

*Je ne l’imaginais pas aussi fort… Réussir à assommer aussi aisément un mage de terre.*

Arrivés au lac, ils volèrent une barque qui trainait là, et Kizuna les conduisit sur la rive opposée. Epuisés, ils passèrent le reste de leur courte nuit au bord de l’eau.

Chapitre VII : Séparation.

Les deux compagnons se réveillèrent en même temps, surpris par un bruissement de feuilles. Sans bruit, Kizuna se leva et activa son ärm. Il se dirigea prudemment vers la source du bruit, un buisson entre deux arbres qui s’agitait légèrement à son approche.
Le jeune homme utilisa le canon de Tan’Juu pour écarter les feuilles et tomba soudainement en arrière, faisant sursauter Ryoko qui était restée assise derrière lui.

Un lapin blanc se tenait sur la poitrine du manieur d’ärm, le regardant avec curiosité.
Kizuna se mit à rire.

« Rien qu’un lapin. On a eu peur d’un lapin ! »

Après ce qu’il s’est passé hier, autant dire qu’on a nos raisons.

Ryoko qui semblait presque remise de ses émotions de la veille se releva et s’approcha de Kizuna, faisant fuir le lapin.

Je… Je voulais… te remercier pour hier soir. Et m’excuser aussi.

Le blond se releva à son tour et plongea son regard dans celui de la fille.

« Pourquoi ? Qu’est-ce que j’ai fait ? »

Et bien… Sans toi nous serions certainement morts… Je n’ai rien su faire quand ils nous ont rattrapés. Tu as tout fait.

« Ne dis pas de bêtises. Si tu ne l’avais pas immobilisé je… »

Tais-toi ! C’est la deuxième fois que tu me sauves la vie ! Et moi je… Je ne sais plus quoi penser…

Sans qu’elle puisse réagir, Kizuna serra la jeune fille dans ses bras.

« Ca ne sert à rien de penser. Tout ce dont tu as besoin, c’est de savoir que je serai toujours là pour toi. »

*Mais qu’est-ce qui lui prend ? Il devient fou ? C’est débile… Mais je dois admettre que ce n’est pas désagréable d’être avec lui. Dommage qu’il ne soit qu’un…*

Tu peux me dire ce que tu es en train de faire, et pourquoi ?

La réponse fut spontanée :

« Je te fais un câlin Ryo… J’ai besoin d’être franc avec toi. Si je t’ai sauvée la première fois, c’est parce que quand je t’ai vu, j’ai cru que mon cœur allait exploser. Je crois que je… »

Ryoko commença à se débattre et finit par se dégager de l’étreinte du jeune homme, surprise et un peu effrayée face à son comportement.

Ca suffit ! C’est quoi cette mascarade ? Tu m’as suivi pour survivre rien de plus !

« J’ai menti, tout simplement. Quand tu t’es réveillée, j’ai tout de suite su que tu n’accepterais aucune autre raison. »

Pas la peine de t’expliquer. Finalement je ne veux rien savoir ! A partir d’ici, je repart seule et ne t’avises pas de me suivre. D’après ce que j’ai vu, tu es parfaitement capable de t’en sortir seul !

« Mais… »

Ryoko bouscula le garçon et, ignorant ses appels, s’engagea dans le petit bois.

Elle marcha longtemps, seule, sans changer de cap. Quand la faim se fit sentir, la jeune mage fut heureuse d’apercevoir une maison isolée, en haut d’une colline.

Chapitre VIII : Là où vit la vérité.

Ryoko s’efforçait de maintenir le rythme dans la pente qui conduisait à cette maison dont la cheminée crachait de la fumée, preuve de la présence du propriétaire. Elle frappa à la porte, préparant à l’avance ce qu’elle allait dire à celui ou celle qui lui ouvrirait.
Elle ne dû pas attendre bien longtemps, car une vieille dame apparut dans l’encadrement de la porte à présent ouverte.

« Bonjour mademoiselle, que puis-je pour vous ? »

Bonjour madame. Si je suis ici, c’est pour vous demander si vous pouviez me donner de quoi manger, n’importe quoi me conviendrait, je suis affamée.

La dame eut un sourire bienveillant et invita d’un geste de la main la jeune fille à entrer dans sa demeure.
Tandis que son hôte lui préparait un bol de nouilles, Ryoko se demandait pourquoi une personne âgée vivait isolée à quelques kilomètres d’un village habituellement paisible.

*Après tout, ce n’est pas mon problème, elle a l’air de bien vivre.*

En effet, l’intérieur la maison était plus grand que la magicienne ne l’avait imaginé, les meubles étaient luxueux et différents tableaux ornaient les murs, représentant des scènes romantiques, de la vie courante ou simplement des portraits de personnes qui n’inspiraient pas la moindre sympathie. Bref, le genre de décorations qui coutent cher si on ne les fait pas soi-même.

« Tenez jeune fille, mangez. Vous avez l’air d’en avoir besoin, vous êtes pâle. »

*Ce n’est pas que j’ai l’air d’en avoir besoin, j’en AI besoin et puis si je te l’ai demandé…*

Merci beaucoup.

« Mais de rien, j’aimerais juste vous faire remarquer qu’il est impoli de se moquer de ses ainés. »

E…excusez-moi mais je n’ai pas… En fait… Je…

« Vous pensez plutôt fort, et on ne peut pas mentir ici. »

Ryoko posa ses baguettes.

Que voulez-vous dire ?

« Cette colline n’est pas comme les autres. Vous venez de Spellia et vous ne connaissez pas cet endroit ? »

Euh… Non, je n’ai jamais été plus loin que le lac…

Son visage trahissait une incompréhension profonde, sentiment que Ryoko avait rarement eu à affronter.

« Cet endroit considéré par beaucoup comme étant mystérieux est peu fréquenté pour une simple raison : On ne peut pas y mentir, on ne peut rien y cacher. On l’appelle la colline de la vérité ou ‘’Là où vit la vérité’’. »

L’adolescente commença réellement à comprendre quand une pensée lui traversa l’esprit, sans qu’elle en ait envie.

*C’est donc pour ça qu’elle vit ici. Il n’y a pas d’endroit plus sûr.*

« En effet. »

Mais… Cette colline ne permet tout de même pas de lire dans les pensées ?

La grand-mère fit la moue :

« Et bien non, mais… moi je le peux. Je ne sais pas pourquoi… Même la colline refuse de me le dire. »

Vous êtes… Magicienne ?

« Oh, comme c’est amusant ! Je n’y avais pas pensé. »

Ryoko sembla déconcertée et se retint de traiter intérieurement la vieille de gâteuse.

« J’ai entendu ! »

Zut !

Toutes deux rirent bêtement.

En tout cas, merci pour les nouilles. Elles sont délicieuses.

Le ton de la dame se fit soudain grave :

« Vous avez laissé votre compagnon derrière vous. Je sais que vous refuserez d’en parler mais je sais aussi que vous en avez besoin. »

Vous avez raison. Mais il est… si différent. J’ai préféré partir parce que je… Je ne comprends pas ce qu’il m’arrive.

« Peut-être que si vous demandez à la colline, elle vous éclairera. »

La jeune fille s’inquiéta un instant de la santé mentale de son hôte avant de se rappeler subitement du pouvoir de l’endroit où elle se trouvait. Les yeux clos, elle pria intérieurement, suppliant Dieu sait qui de lui ouvrir la voie vers la vérité, vers ses sentiments profonds.
Soudain, de nombreuses images lui revinrent. Elle se vit enfant, jouer avec ses parents, les serrer contre elle après avoir fait un cauchemar, pleurer lors de son enlèvement et à l’annonce de leur mort.
Elle se vit plus âgée, renier son nom et rejeter sa famille, allant jusqu’à l’insulter puis l’oublier. Et ces souvenirs lui firent mal dans la poitrine.
Les images continuaient de défiler, passant en revue les moments les plus importants de son existence, et s’arrêtant à un rêve qu’elle avait fait, où elle et Kizuna étaient ensemble, apparemment… amoureux.

Non ça ne se peut pas ! Ce n’est quand même pas de l’amour ? Il n’est qu’un… qu’un… C’est… un garçon formidable.

Elle avait soufflé les derniers mots, s’avouant vaincue.

J’ai été endoctrinée… On m’a fait oublier ce que je suis vraiment. Ils ont fait de moi un monstre sans pitié. Pourtant je n’ai pas su affronter Kyoran. Pourquoi est-ce que je continue à le considérer comme un frère malgré tout ?

*C’est parce qu’on t’y a forcé toute ta vie. On ne se libère pas de ses chaines aussi facilement !*

Oui… C’est ça. Madame, je dois vous rem… Mais… Où ?

A sa grande surprise, lorsqu’elle ouvrit les yeux, Ryoko se trouvait à genoux au sommet de la colline. La maison avait disparu et laissé place à un arbre.

Une illusion ?

« Non ! La vérité ! »

La jeune fille sursauta et se retourna. Kyoran se tenait près d’elle, serrant le bras de Kizuna qui semblait sur le point de s’évanouir, sérieusement amoché.
Il jeta le gamin par terre :

« Merci de m’avoir montré le chemin. Alors sœurette ? Tu pensais vraiment pouvoir échapper à la justice du village ?»

La jeune fille se jeta sur Kizuna, le secouant violemment.

Tu lui as dit où j’étais ? Tu as osé faire ça ? Tu n’es qu’un sale traitre.

« Je… n’ai pas eu le choix… Il a dit qu’il te retrouverait quand même et qu’il te tuerait si je ne l’aidais pas… Il m’a volé mon ärm en m’attaquant par surprise… Il m’a… »

La ferme ! C’est absurde ! Tu avais le choix de ne rien dire ! Je crois plutôt que tu voulais te venger.

« Pourquoi ? »

Parce que je t’ai repoussé ! Parce que je suis partie ! Parce que je ne voulais pas admettre que…

« Comme c’est mignon. Vous serez moins bavards quand on vous exécutera tous les deux. »

« Quoi ? Tu avais dit que si je t’aidais… »

« Je ne la tuerai pas, mais rien n’empêche quelqu’un d’autre de le faire. »

Kizuna cria un juron avant de se répandre en excuses à l’égard de Ryoko qui, quant à elle, se redressa et regarda Kyoran d’un air de défi.

Cette fois je ne me laisserai pas faire ! Embarque-le si ça t’amuse. Mais je n’ai plus rien à voir avec toi, ni avec le village. Je vais partir et refaire ma vie, devenir celle que j’aurais dû être si les mages n’avaient pas attaqué mon village natal !

Son ombre grandi, par la force de sa détermination, atteignant presque celle de son frère. Celui-ci se mit à rire.

« Ahahaha vraiment ? Tu sais que tu n’as aucune chance, je suis bien plus puissant que tu ne le seras jam... »

Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’une ombre énorme en forme de poing vint le frapper au visage, l’expulsant en arrière. Le mage dévala la colline en roulant sur lui-même, assommé par le coup qui lui avait été asséné. Il se releva tant bien que mal une fois arrivé en bas, étourdi et tenant sa mâchoire comme si elle était sur le point de tomber.

« La garce ! »

Tandis qu’il entreprenait d’utiliser sa magie pour remonter plus rapidement, faisant se soulever une partie du sol là où il se tenait, Ryoko préparait sa prochaine attaque. Elle se concentra et manipula non sans difficultés l’ombre de l’arbre quelques mètres plus loin.
Au prix d’un terrible effort, l’ombre de l’arbre s’allongea de manière extravagante, à tel point que ce dernier se mit à craquer, à bouger, jusqu’à se déraciner.
Alors que Kyoran arrivait à sa hauteur, Ryoko déplaça par la pensée l’ombre de l’arbre de telle manière à ce qu’il se jette avec violence sur le mage de terre qui tomba à nouveau.

Kizuna observait la scène, abasourdi.

Et restes-y !

Epuisée, Ryoko se mit à courir aussi vite qu’elle put, dévalant l’autre côté de la colline et s’en éloignant le plus possible.

Kizuna se releva et alla jeter un œil à l’arbre qui s’était écrasé sous la colonne de terre créée par Kyoran, celui-ci lui-même coincé sous l’arbre et visiblement assommé.
Il descendit prudemment, s’assurant que son ennemi était bien inconscient et fouilla sa poche. Il en sorti son précieux anneau qu’il passa à son doigt avant de remonter sur la colline. Il chercha du regard la silhouette déjà éloignée de Ryoko et partit à sa poursuite.

Chapitre IX : La fuite.

Ryoko n’en pouvait plus de courir. Elle jeta un œil derrière elle et, à son grand soulagement, ne vit pas Kyoran, mais Kizuna qui essayait de la rattraper. Elle avait pris assez d’avance pour se permettre de ralentir un peu et se mit à marcher.
Elle en voulait toujours à Kizuna mais pas autant qu’au départ. Après tout, vu son état, il n’avait sûrement pas eu le choix, comme il avait tenté de lui expliquer.
Cela n’empêchait qu’il aurait pu se sacrifier pour elle s’il l’avait réellement aimée.

Elle entendit derrière elle le souffle haletant du jeune manieur d’ärm mais ne ralentit pas. S’il voulait la suivre, il devait pouvoir maintenir le rythme.

« Ryoko ! Attends s’il-te-plait ! »

Elle souffla et lança sans se retourner :

Laisse moi donc en paix Kizuna ! Si je t’ai dans les pattes, je ne m’en sortirai pas. Tu as déjà causé assez d’ennuis tu ne trouves pas ?

« J’ai dit que j’étais désolé, je… Je ne voulais pas qu’il te fasse du mal. Je te l’ai dit. Je t’aime et je ne te laisserai pas partir seule. Tu serais trop en danger, je veux te protéger ! Pour que tu me pardonnes ! »

Le garçon avait fait un grand effort et marchait à présent juste à côté de Ryoko qui se refusa à le regarder. Mais après ce qu’il s’était passé sur la colline, elle ne pouvait plus non plus nier la vérité, ce qu’elle ressentait :

Je sais tout ça, tu me l’as déjà dit. Mais ils nous recherchent tous les deux ! Si on continue ensemble, il suffira qu’un de nous se fasse prendre pour faire plonger l’autre avec lui !

« Tu m’en veux toujours ? »

La mage ferma les yeux un instant et respira profondément :

Evidemment. Mais j’ai appris beaucoup de choses aujourd’hui. Ou plutôt, je me suis souvenue. Que ce soit pour toi, pour moi ou pour NOUS DEUX… Il vaut mieux voyager séparément. Ainsi, même si l’un de nous ne parvient pas à se sauver, il protégera l’autre.

« Je… Je comprends. Mais on pourrait se revoir et être libre non ? »

Elle s’arrêta net et se tourna vers Kizuna :

Non, pas que je sache… A moins que tu aies une idée.

Ryo espérait sincèrement que ce soit le cas. Elle ne se l’expliquait pas, mais elle avait un doute quant à sa capacité à être heureuse sans Kizuna après ce qu’ils avaient traversé, même si tout cela n’avait pas duré bien longtemps.

Elle ne quittait pas le jeune homme des yeux, il semblait réfléchir.

« Je crois qu’il y a un moyen. Il y a une ville portuaire à quelques kilomètres derrière cette montagne. Je connais quelqu’un là-bas qui pourrait peut-être nous aider. »

Ryoko se tourna vers la montagne éloignée que Kizuna lui indiquait. Elle se remit à marcher soudainement, après avoir jeté un regard derrière elle.

Allons donc par là. Tu m’expliqueras en route.

Kizuna lui sourit et la suivi.

Tous deux marchèrent d’un pas rapide en direction de la montagne. L’idée de devoir l’escalader fit frémir Ryoko. Si Kyoran les retrouvait une fois là-bas, ils n’auraient aucune chance.
Après avoir marché plusieurs heures, et constatant qu’il n’y avait aucun signe de vie derrière eux, les deux compagnons fraichement réunis s’accordèrent une pause, affreusement fatigués.

Il ne faut surtout pas faire de feu, ou on se fera repérer rapidement. On va dormir deux heures, chacun à notre tour pendant que l’autre monte la garde. Ensuite on continuera à avancer et tu m’expliqueras ton idée.

Kizuna acquiesça et s’assit par terre.

« Qui dort en premier ? »

Toi, tu es blessé, tu as besoin de repos.

« Hmm, merci. »

Il s’étira et s’allongea, s’endormant sans mal. Ryoko s’assit à côté de lui et le fixa, se demandant comment ce gamin épuisé avait pu autant la faire changer.
Au bout d’une demie heure, elle se releva et marcha un peu. Elle s’éloigna de quelques mètres et observa l’endormi de loin. Un instant, elle hésita à continuer sa route sans l’attendre. Mais l’affection qu’elle lui portait bien malgré elle pris le dessus sur la raison et elle retourna s’asseoir.
Au bout d’une nouvelle demie heure, Ryoko tomba d’épuisement et s’endormit.

Chapitre X : Le plan.

C’est en pleine forme que Ryoko se réveilla le lendemain, au lever du jour. Kizuna était debout à quelques mètres, scrutant l’horizon, en direction de la prochaine épreuve qui les attendait : la montagne.

Doucement, elle se leva et alla se placer à droite du garçon qui sursauta légèrement en la voyant et lui lança un timide « Bonjour… ». C’est envoyant la mine fatiguée de son compagnon que la jeune mage se rendit compte qu’elle avait dormi toute la nuit, ne prenant même pas son premier tour de garde en entier, et encore moins les autres. Kizuna n’avait pas dormi et elle s’en voulait de lui faire tant de mal.

Tu penses que ça ira pour passer la montagne ?

Quand le manieur se tourna vers Ryoko, elle fut étonnée de le voir sourire. Son visage marqué par l’épuisement était malgré tout illuminé de ce qui ressemblait fort à de la joie. Comme si tous les deux ne couraient plus aucun danger, comme s’ils étaient déjà libres.

« Demain matin… Tout sera terminé. Nous serons loin d’ici, en sécurité. »

Ryoko ne parvint pas à s’expliquer pourquoi elle se sentait soudain si sereine. La seule présence du garçon lui procurait un plaisir immense, une sorte de chaleur rassurante contre laquelle on se serre pour oublier que l’on a peur et que l’on est seul.
Ryo réfléchi un instant avant de se souvenir que son frère était toujours à leur trousse et qu’ils avaient eu de la chance de ne pas s’être fait attaquer durant la nuit. Mais cette chance ne durerait pas éternellement.

On devrait y aller, tu ne crois pas ?

« Oui… On a dormi plus longtemps que prévu. Allons-y. »

Cette fois, c’est Ryoko qui eut du mal à suivre le blondinet qui marchait d’un pas rapide et assuré. Pour quelqu’un qui n’avait pas dormi, il semblait en excellente forme. Elle se demandait quelle idée il avait eue la veille et si cette idée porterait ses fruits. Mais sa première préoccupation était de savoir comment ils pourraient traverser cette montagne en un jour. Mais l’adolescente n’eut pas le temps de poser la question que Kizuna commença à lui expliquer son plan.

« Comme je te l’ai expliqué hier, il y a une ville portuaire derrière cette montagne. On pourra l’atteindre assez vite si on ne fait pas de trop longues pauses. A l’époque où je vivais là-bas, des rebelles cherchaient un endroit où se mettre à l’abri en cas d’attaque des mages. Mais ils n’ont rien trouvé… »

Il marqua une pause pour respirer avant de reprendre, plus souriant que jamais.

« Alors, ils ont décidé de construire cet abri eux même, dans la montagne. On ne va pas l’escalader, on va passer par en dessous. Une espèce de tunnel a été creusé, caché par la végétation d’un côté et par de la roche de l’autre. Seuls les rebelles connaissent ce passage. Nous y serons en sécurité. Enfin… Si tu n’as pas d’ennemi là-bas. »

La jeune fille ferma les yeux, essayant de se rappeler tous les ennemis qu’elle avait pu se faire dans son existence. Mais aucune ville portuaire, aucune montagne ne lui apparurent.
Mais si l’abri était connu de tous les rebelles, elle ne pouvait être certaine de quoi que ce soit.

Voyant la mine déconfite de son amie, Kizuna préféra continuer son explication, pour la rassurer.

« Lorsqu’on aura traversé la montagne, on devra se rendre dans une taverne et demander le passeur. C’est un vieil ami. Il permet aux rebelles de prendre la mer et les emmènes sur une île loin du royaume où la liberté règne. »

Vraiment ? J’ignorais qu’il existait des personnes aussi généreuses dans le Royaume…

Le garçon eut un rire, sans joie cette fois :

« C’est un ami… Dans le sens où il ne fait passer que ceux qu’il connait… Mais rien n’est gratuit. Il demandera quelque chose en retour, mais j’ignore quoi… »

Un long silence se fit alors. Tout deux continuèrent d’avancer, ne croisant pas âme qui vive. Et alors que le soleil avait presque atteint son zénith, ils arrivèrent au pied de la montagne.
Là, Kizuna indiqua une pierre imposante sur laquelle était gravé le dessin d’un oiseau.

« C’est ici. On doit déplacer ce rocher. Il faut utiliser une Ärm adéquate ou la magie. »

Ok, alors c’est à moi de jouer…

Ryo inspira un grand coup avant de tendre les mains vers l’ombre de la roche qu’elle se mit à étirer. A la manière dont ces bras bougeaient, on pouvait deviner la difficulté qu’elle avait à le déplacer. L’ombre devine de plus en plus longue et fine, jusqu’à ce qu’enfin, après plusieurs minutes de concentration intense, la pierre se mit à se déplacer, trainant sur le sol en laissant une profonde marque dans la terre. Lorsqu’il y eu un espace assez large pour se faufiler dans la montagne, Ryoko relâcha la pression et reprit enfin son souffle. Les deux adolescents pénétrèrent dans le tunnel sombre et froid. Refermer le tunnel derrière eux fut beaucoup plus facile vu que les ténèbres omniprésentes procuraient à la jeune fille une force immensément grande.

Ils se remirent à avancer, prudemment, guettant le moindre bruit, juste au cas où.

Chapitre XI : Le passeur.

La paix devait régner à la ville portuaire, car ils ne rencontrèrent personne durant la traversée. Rapidement, ils aperçurent des rais de lumière leur indiquant que la sortie était proche. Mais, alors qu’ils étaient à quelques mètres des buissons les séparant de l’air libre, un mur de flamme se dressa devant eux et dans un grand fracas, une dizaine d’hommes accoururent autour d’eux, armés d’épées banales ou d’Ärms ou encore brandissant leur magie de manière menaçante. Ainsi, Ryoko distingua un mage de feu maintenant le mur brûlant qui leur bloquait la route, un autre maitrisant la foudre qui produisait dans sa main une lumière électrique qui émettait un bruit étrange, un troisième faisant voltiger des cailloux autour de lui comme des armes prêtent à être jetées sur l’ennemi. Il y avait aussi deux manieurs d’Ärms dont l’un, très jeune, murmurait quelque chose à un énorme marteau qu’il portait sans difficulté. Les autres étaient sans pouvoirs, des civils dont deux ou trois chasseurs armés d’arc, de flèches et de poignards.

Le mage de feu s’avança et demanda d’une voix forte :

« Qui êtes-vous ? Et que venez-vous faire par ici ? »

Ryoko voulut répondre, mais Kizuna la retint en plaçant sa main sur son bras, comme pour la retenir. Il chuchota :

« Laisse-moi faire. »

Le jeune blond fit un pas en avant et invoqua Tan’Juu. Son anneau se transforma en revolver. L’assemblée ne broncha pas mais resta méfiante. Kizuna éleva alors la voix :

« Mon nom est Kizuna et je suis un manieur d’Ärm, comme certains d’entre vous. Et cette fille c’est Ryoko, une mage re… »

Mais le mage qui maitrisait la terre l’interrompit :

« Ryoko ? La même Ryoko qui a massacré des familles entières de rebelles ? »

Son ton se voulait menaçant, mais on y sentait de la peur. Kizuna hésita avant de continuer, se plaçant bien à côté de Ryoko qu’il sentait menacée :

« Oui, la même ! Mais vous savez tous que la plupart des gens servent le royaume pour sauver leur vie. Ryoko en faisait partie mais elle s’est rebellée et m’a sauvé la vie ! Nous voulons voir le passeur pour quitter le royaume pour toujours ! »

Ryoko savait qu’il y avait une grosse part de mensonge dans le discours de son ami, mais elle ne dit rien. Elle lui faisait entièrement confiance.
Un des manieurs, le plus vieux des deux intervint à son tour :

« Le passeur ? Vous pensez pouvoir satisfaire ce vieux fou ? Vous croyez qu’ils vous conduira gratuitement ? »

Kizuna se tourna vers son nouvel interlocuteur et lança, sûr de lui :

« J’y laisserai un bras… Ou les deux s’il le faut, mais nous passerons ! »

Les gardiens du tunnel se concertèrent un instant. Puis le mur de flamme s’affaiblit, jusqu’à disparaitre. Et celui qui semblait être le chef annonça :

« Alors passez. Mais si demain vous n’avez pas quitté le royaume, vous aurez affaire à nous. Nous ne tolérons aucun mensonge et aucune traitrise. »

Sans un regard, Kizuna prit Ryoko par le bras et la tira jusqu’à l’extérieur du tunnel. Il replaça les buissons de telle sorte à ce que l’entrée soit invisible à l’œil des ignorants et montra l’horizon à Ryoko. Devant eux s’élevait une ville aux bâtiments imposants. Elle semblait à peine plus petite que la capitale.

« Cette ville est gardée en journée mais considérée trop dangereuse pour les gardes du Royaume la nuit à cause des vagabonds et des nombreux rebelles qui y vivent. On ira à la taverne à la tombée de la nuit et demain matin, on sera sur le bateau de notre liberté. »

La traversée de la montagne s’était avérée plus longue que Ryoko ne l’avait imaginée puisque le ciel était éclairé de lueurs orangées typiques des soirées d’été au Royaume de Fiore. Ils avancèrent à leur aise vers les portes de la ville et y pénétrèrent après avoir vu un défilé de gardes en sortir pour se rentre dans leur campement non loin de là.

Les deux jeunes gens errèrent dans les rues sombres de la ville jusqu’à ce que la nuit soit tombée. Ils se dirigèrent ensuite vers la taverne à côté du port, manquant parfois de se perdre dans le dédale formé par les bâtiments de pierre.
L’endroit était miteux et remplis de marins ivrognes, de rebelles à l’air paranoïaque et de femmes à peine habillées cherchant désespérément de l’argent pour se nourrir.
Mais la personne qui les intéressait était assise au bar. C’était un homme à l’air âgé, à qui il manquait un œil. Son visage couvert de cicatrice faisait peur à voir. Ses seuls atouts étaient la beauté de ses vêtements et la taille imposante de sa bourse, accrochée à sa ceinture en cuir. Si on lui avait mis un sac sur la tête, on aurait pu le prendre pour un riche baron (avec un sac sur la tête).

Timidement, les deux adolescents s’approchèrent. Kizuna s’assit à côté du vieil homme et Ryoko à côté de son compagnon.
Aucun des deux n’eut le temps de parler, qu’une voix semblable à une ancre que l’on traine sur un sol de pierre s’éleva :

« Alors comme ça, on veut traverser l’océan ? »

Chapitre XII : La liberté.

L’intervention soudaine et inattendue du passeur fit sursauter les deux compagnons.
Mais ils finirent par répondre d’une même voix :

« Oui Monsieur. »

L’homme se leva et sortit de la taverne. Kizuna et Ryoko le suivirent, un peu stressés. Quelques mètres plus loin que la taverne, le vieil homme ouvrit une trappe dans le sol et descendit les marches, les adolescents derrière lui. La trappe se referma seule, dans un claquement effrayant. Arrivés en bas, ils virent l’homme assis derrière une table en bois. Ils n’eurent aucun mal à comprendre qu’il s’agissait du domicile du passeur. Ce petit sous-terrain était composé d’une seule et unique pièce où l’on trouvait tout le nécessaire pour vivre : un lit, un garde-manger, une baignoire et de toilettes. L’atmosphère était lourde et particulièrement désagréable.
Voulant briser le silence pesant qui régnait dans la pièce, Ryo décida d’engager la conversation.

Vous avez l’air d’avoir beaucoup d’argent… Pourquoi vivez-vous dans un endroit aussi… Petit ?

« Il y a des choses bien plus amusantes à faire avec de l’argent. »

La réponse fit tressaillir Ryoko. L’homme avait dit ça en ricanant et son regard avait semblé dément pendant un instant. La jeune fille saisit la main du manieur d’Ärm à côté d’elle. Celui-ci ne semblait pas effrayé, mais déterminé.

« Nous voulons traverser l’océan et nous rendre sur l’île de la liberté, celle qui échappe entièrement au contrôle du Royaume. »

Le passeur ricana et se gratta le menton.

« Rien n’est gratuit jeune homme… Qu’as-tu à me donner en échange ? »

Kizuna réfléchit à toute vitesse. Il devait proposer quelque chose avant que le passeur ne lui réclame l’impossible. Mais il n’avait rien, et Ryoko non plus. Puis une idée lui vint à l’esprit. En y réfléchissant, cela revenait au même que de perdre un bras, mais en moins douloureux… Le jeune homme porta la main à son doigt et en ôta l’anneau qu’il posa sur la table.
Ryoko reconnu l’Ärm de son ami et le regarda d’un air réprobateur.

Tu ne peux pas lui donner Tan’Juu. C’est ton Ärm, tout ce que tu possèdes.

« Il y a plus important ! Nous deux… Notre liberté… Et je donnerai tout pour ça. »

Le vieil homme s’éclairci la gorge et regarda attentivement les deux adolescents.

« C’est la première fois qu’on m’offre une telle chose pour traverser. Cet Ärm est unique, en es-tu conscient ? »

« Oui ! Et c’est bien pour ça que vous vous en contenterez et que vous nous emmènerez loin d’ici ! »

Le passeur sourit, dévoilant deux dents en or au milieu de dents pourries.

« J’apprécie ta détermination, mais cela ne suffit pas… »

Le visage de Kizuna se décomposa. Il n’avait rien de plus à offrir… Il allait abandonner, quand Ryoko réagit :

Hey vieux schnocke ! Tu sais ce que je t’offre ? Si tu nous conduits sur cette île, je t’offre le droit de rester en vie !

Elle donna un coup de pied dans la table qui se brisa, faisant tomber le vieil homme de sa chaise. L’air menaçant de Ryoko la rendait vraiment très effrayante. Le passeur restait à terre, tremblant comme une feuille. Il n’avait pas le moindre pouvoir, pas la moindre arme dont il sache se servir. Hésitant, il se redressa et eut un rire jaune.

« Hé hé, comme on dit il n’y a plus belle richesse que la vie elle-même. Je suis convaincu, je vous emmène. »

Les deux adolescents sautèrent de joie et se serrèrent dans les bras l’un de l’autre, ignorant le passeur qui marmonnait des injures dans son coin.
Ils allaient enfin être libres.

Quelques heures plus tard, le passeur les conduisit vers son navire, prêt à lever l’ancre. Ils jetèrent un dernier coup d’œil à la ville et à la montagne, imaginant Kyoran et son armée en train de les chercher au pied et au sommet de la montagne.

C’est sans regret qu’ils saluèrent pour la dernière fois le continent qui s’éloignait peu à peu.

Alors, tout est fini…

Kizuna se tourna vers la jeune fille et lui prit la main en souriant.

« Non, tout ne fait que commencer… »

Ils s’approchèrent lentement l’un de l’autre, et alors que le soleil se levait, ils s’unirent enfin dans un baiser exprimant tout l’amour qu’ils ressentaient. Un amour plus grand que nul autre.

FIN. (oui je sais, c’est foireux comme fin)

<< Ouais... C'est bien beau tout ça, mais j'ai pas aimé la fin cucul ma praline... >>

J'm'en doutais, tous accrocs à la violence et au sang... Mais vous savez... Y a p't'être une solution...

Une Fin Alternative ?

Donc, voilà l'idée, particulièrement géniale : la possibilité pour moi de créer une autre fin, pour votre plus grand plaisir (ou pas).

Comment ? Et bien c'est simple : sachez tout d'abord que cette fin alternative, si elle voit le jour, sera tout à fait différente de celle que je vous ai présentée à la va-vite dans le message précédent. Enfin, vous verrez bien.

Mais cette fin dépendra aussi de vous. Parce que c'est vous qui choisirez le chapitre à partir duquel le scénario changera. On reprendra ainsi l'histoire à un certain point, un certain chapitre (le chapitre choisi devra se situer entre le IXème et le dernier chapitre compris).

Si vous souhaitez voir une nouvelle fin, envoyez-moi un MP avec le numéro du chapitre où vous voulez voir l'histoire changer.
Exemple :

Citation :: Je veux que l'histoire change à partir du chapire X.

Le chapitre X sera modifié, changeant par la même occasion la suite de l'histoire.

Le chapitre choisi par le plus grand nombre de personnes sera désigné pour marquer le changement.

Sachez également que selon mon inspiration, l'histoire pourra être bien plus longue, ou plus courte (j'espère qu'elle sera plus longue).

Voilà, à vous de choisir ! ;)

Spoiler:

**Contenu sponsorisé**