Ikfes veillait. Tel un chien, il était couché près de Kveria qui dormait paisiblement. Dois-je préciser qu'il était sous sa forme bestiale ? Les bêtes sauvages étaient bien sûr présentes dans cette grande forêt, mais les prédateurs aussi... Aussi préférait-il rester bien éveillé, et sous forme canine. Mais pourquoi sous cette forme ? Parce qu'il pouvait flairer tout ce qui passait dans les environs... Comme quoi avoir subit une expérience foireuse avait du bon. Il se leva et fit quelques pas pour se dégourdir les pattes. La voûte l'empêchait de voir les étoiles. Aucune idée de l'heure qu'il était.

Quelques lapins passaient non loin d'eux. Il aurait été les chercher s'il faisait jour et que son amie ne dormait pas, mais là... Depuis quelques minutes, sans doute une heure, il avait l'impression de sentir une odeur humaine différente de celle de Kveria, qu'il connaissait bien, Non, c'était une odeur nouvelle. Un humain était donc dans les parages. Il s'assit sur place, ne cherchant pas à se rallonger. Ne savait-on jamais.
Soudain, une autre odeur fit son apparition dans l'odorat du jeune homme. Une odeur qu'il appréciait moins... Une odeur se rapprochant de la sienne. Un loup trainait dans le coin. Il se redressa et avança un peu, pour essayer de mieux sentir. Ouf, il ne s'approchait manifestement pas d'eux. ... Mais de l'autre forme humaine, oui...

Ikfes se campa sur ses pattes. Qu'est-ce qu'il devait faire ? Allez vers la confrontation pourrait être une mauvaise idée... Même si le loup semblait seul. Et puis il ne pouvait pas non plus laisser Kveria toute seule, alors qu'en plus elle dormait ! Mais il n'allait pas laisser l'humain se faire déchiqueter non plus...
Il ne fallait pas qu'il reste indécis. Il réveilla Kveria avec des coups de revers de pattes en lui indiquant l'épée (qu'il lui avait prêté avant de se transformer), et courut en direction des odeurs qu'il "suivait depuis un peu moment. Il espérait ne pas arriver trop tard. En une vingtaine de bonds en avant il y fut. Sans chercher à savoir si Kveria l'avait bien suivit, il bondit sur le loup qui attaquait un... Buisson ? Ah, l'humain était dedans. Pile au moment où il l'attaquait d'ailleurs.

Il renversa donc son adversaire sur le côté en lui donnant immédiatement un coup de patte à la tête. Après qu'il en ait donné un deuxième, l'autre loup put se relever. Ikfes était plus grand et avait plus de carrure que l'autre loup. En même, c'était un loup d'Ärm au départ... Après plusieurs tentatives d'attaques et de coups de pattes, il finit par asséner un coup de patte suffisamment fort à l'autre pour qu'il couine et s'enfuit dans la direction opposée par laquelle Ikfes était arrivé. Ce dernier se tourna finalement vers la jeune femme, puisque s'en était une, qu'il avait sauvé. Son adversaire avait réussi en entailler légèrement son flanc d'où perlait des gouttes de sang, mais il n'y faisait manifestement pas attention pour l'instant.

Des cris et des rugissements. Mais lorsqu'Alice osa enfin ouvrir ses paupières, elle était toujours en vie. Pétrifiée, elle regarda tout autour d'elle : deux loups se battaient sauvagement. L'un d'eux était plus grand et avait plus de carrure que l'autre ; c'est lui qui gagna la partie. Après avoir reçu un violent coup de patte, l'agresseur d'Alice partis dans un couinement strident et s'enfonça dans les profondeurs de la forêt d'Ecorsdur. La jeune femme regarda attentivement le second loup resté sur place, qui était son... sauveur ? Des gouttes de sang perlaient lentement sur son flanc.

Alice ne savait pas comment réagir, elle devait le remercier certes, mais sa livraison pouvait encore arriver. Ou alors... Un retard de 4 heures était tout juste impossible. La jeune femme devait se résoudre à la seule logique possible : l'information était fausse. Elle regarda alors attentivement la bête blessée. Pourquoi ne l'a-t-elle pas tuée ?


« Euh... Merci ? », dit-elle calmement. Puis, murmurant : « Oh, génial, voilà que je parle à un loup maintenant, manque plus qu'il me réponde !»

Elle se recroquevilla doucement sur elle même et fixa le loup dans les yeux. Et ce qu'elle y vit n'avait rien d'animal...